Secteur adapté et protégé : des prestations « trop chères » selon les entreprises

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EA APF Epinal_001 © S. Le Clezio (28).jpgLe groupe de protection sociale Humanis a rendu public, aujourd'hui, son premier baromètre de la sous-traitance avec le secteur adapté et protégé. Il révèle que le principal frein à l'achat auprès des Etablissements d'aide par le travail (Esat) et des entreprises adaptées (EA) serait le prix - jugé trop élevé - des prestations proposées.

Réalisée en mai et juin 2011 auprès de 708 entreprises, l'enquête qui a abouti au premier baromètre Humanis de la sous-traitance avec le secteur adapté et protégé confirme l'augmentation du recours par les entreprises françaises à la sous-traitance avec ce secteur (1). Un secteur qui leur  permet de répondre à leur obligation d'emploi de 6% de personnes handicapées. D'ailleurs, deux tiers des entreprises interrogée y ont fait appel en 2010.

Pour autant, ce marché de la sous-traitance - estimé à 570 millions d'euros - ne devrait guère progresser à court terme : selon l'étude, 70% des entreprises n'ayant jamais fait appel au secteur ne comptent pas le faire à l'avenir. Et les sociétés clientes n'envisagent pas d'augmenter leurs achats l'an prochain.

Or, selon les déclarations des entreprises sondées, la moitié des contrats passés sont déjà inférieurs à 1 500 €/an. Ce qui laisse entrevoir un effet d'aubaine : pour échapper à la surcontribution Agefiph, les employeurs ne se contentent-ils pas de conclure des contrats d'un faible montant ? (2)

(1) Sous l'effet de l'augmentation de la contribution Agefiph, le taux de recours à la sous-traitance auprès des entreprises soumises à l'obligation d'emploi des personnes handicapées est passé de 26% en 2006 à 51% en 2009 (chiffres Dares et Agefiph).

(2) Un montant minimum pour ces contrats doit être fixé par décret, selon la loi du 28 juillet 2011. Il n'existe pas à ce jour.


Un mauvais reflet de la réalité du secteur...

Eux évoquent un tout autre frein à leurs achats : qu'ils soient ou non clients, 60% pointent du doigt le prix élevé des prestations des Esat et des EA. Un pourcentage qui grimpe à 81% pour ceux qui ont fait des achats par le passé sans les renouveler. Trop cher, le secteur adapté et protégé ? «  Ce serait plutôt le contraire ! », s'étonne Emmanuel Lordet, le responsable d'APF Entreprises qui regroupe 25 Esat et 23 EA.

« Globalement, on est compétitif avec des tarifs, en sous-traitance industrielle par exemple, inférieurs au marché classique. Je pense que les résultats de cette enquête ont été pollués par l'activité commerciale de centres d'appel qui passent des contrats avec certains Esat et vendent, avec des arguments misérabilistes, des fournitures de bureaux à des prix trois ou quatre fois plus élevés que le marché. »

...Mais un bon révélateur de ses difficultés

De fait, 60% des achats effectués l'an passé par les entreprises clientes qui ont été interrogées concernent la "bureautique-informatique", ce qui ne représente pas la réalité de l'offre proposée par le secteur. Néanmoins, ce baromètre a le mérite de « poser les problèmes », estime Emmanuel Chansou, directeur du Gesat (Groupement national des établissements et services d'aide par le travail) : disparité des tarifs, difficulté structurelle à diversifier l'offre et méconnaissance des capacités du secteur par les entreprises.

Un exemple : « En Esat, l'État ne finance que le coût lié à l'encadrement médico-social - à hauteur d'un éducateur pour douze travailleurs handicapés - pas celui lié à l'encadrement de l'activité. Lorsqu'un établissement mobilise six travailleurs pour tondre 100 m2 de pelouse, il y a des coûts annexes... » Un fonctionnement que les entreprises clientes ignorent généralement, comme le note également l'étude en les incitant à « développer leurs connaissances concrètes » du secteur adapté et protégé. Aurélia Sevestre - Photo Sébastien Le Clézio

Source: Faire Face

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